Une anomalie répandue
C’est une anomalie que je constate souvent en entreprise : la volonté de répondre exactement à la demande, en pensant que cela va produire un résultat exceptionnel.
« si je fais les choses bien, comme on me le demande, cela va pulser! »
Pourtant, j’en suis persuadé aujourd’hui : répondre précisément au besoin ne permet d’arriver qu’à un résultat banal. Au mieux, satisfaisant. Votre client (qu’il s’agisse de votre boss, d’un partenaire, ou d’un client réel) sera contenté à court terme. Mais vous ne lui rendez pas service à moyen terme. Vous ne lui donnez pas la chance d’être surpris, chamboulé, ni la possibilité d’arriver à un résultat au delà de ses espérances. Il n’aura que ce qu’il aura demandé. Chouette. Et même si cela avait peu de sens.
Un grain de sel dans la potion
En regardant autour de moi les gens qui marquent, qui apportent une réelle valeur ajoutée, je me rends compte que la totalité mettent leur grain de sel dans la potion magique. Quelle que soit la demande, ils s’en servent comme d’un brief de base, et la réinterprète afin d’en sortir quelque chose de nouveau, et de partiellement inattendu. Évidemment, la solution apportée doit comprendre la réponse au besoin du client. Mais pas seulement. Elle doit s’adresser avant tout au besoin de base, peu importe la manière dont il a été formulé.
Quelles que soient la rapidité et la récurrence avec lesquelles on peut répondre exactement aux demandes, je pense que le combat est vain. Pour le client, qui finira par changer son commanditaire, par lassitude. Et pour vous également, car répondre à la demande – flatter- est le plus court chemin vers l’invisibilité. Et personne ne défendra/récompensera/ne pensera à un service invisible.
Maitre corbeau
Cette démonstration de flatterie est omniprésente autour de nous au quotidien…
- Quand un journal essaye d’acheter son lectorat avec tout plein de petits cadeaux. (j’ai du mal à expliquer à mes enfants pourquoi il y a une montre en cadeau dans un journal pour enfants)
- Quand un chanteur sort une compilation de reprises à la mode, quand on en fait une industrie.
- Quand une radio publique constitue 80% de sa diffusion musicale avec (seulement!) 7 chansons différentes.
- Quand un site web attire ses internautes avec des titres chocs, du sensationnalisme.
C’est la voie de la facilité. Alors quand on vous propose cette facilité, ne soyez pas dupes.