Faire rentrer 120% dans la boite
Il y a cette notion assez répandue en entreprise. Lorsqu’un projet a du mal à se terminer, que l’on est coincé. Que l’on nous demande de faire rentrer 120% dans une boite qui ne peut en contenir que 100. On sort alors la carte joker : le « facteur d’ajustement ». Il s’agit du paramètre que l’on va abandonner, afin de clôturer le projet. Une sorte d’élément sauveur, ou simplement une abyme dans laquelle laisser ce que l’on juge le moins capital. On retire ce paramètre de l’équation, et alors tout passe. Le projet se finit à temps, il arrive à atteindre son but.
En entreprise, ce facteur peut se traduire par différentes choix. Comment finaliser ce qui n’est pas finalisable? En retirant un paramètre simple:
- La qualité : on réduit la qualité, on réfléchit moins, on teste moins. En se disant que cela n’impactera pas réellement le projet, que cela ne se verra pas.
- Les hommes : dans beaucoup de cas, l’humain peut devenir également un facteur d’ajustement. On recrute. Ou on licencie, pour que les comptes reviennent à équilibre.
- Le temps : on repousse, on délaye les projets. On conserve alors le niveau de qualité attendu, en se disant que le projet mérite d’aboutir comme il avait été prévu à la base
- Beaucoup d’autres paramètres existent : changer la méthode, moduler l’objectif, augmenter le prix, la durée, le service rendu, le retour attendu, etc.
Beaucoup d’entreprises utilisent cette méthode sans même le savoir. Quand il y a un problème urgent et que l’on doit le résoudre, on fait au mieux. On coupe.
C’est dans la boite, on coupe !
J’ai déjà vu cette expression employée en début de projet également, de migration ou de fusion. Dans ce cas-là, on identifie dès le départ officiellement l’élément le + mineur, celui à laisser au bord de la route en cas de problème. On l’isole dès le départ afin de pouvoir l’arrêter sans avoir à se justifier.
Ce facteur d’ajustement peut être une bonne chose. Il s’agit avant tout d’une solution pour faire rentrer…ce qui ne rentre pas. Finir un projet qui était mal parti. Finir dans les temps. Arriver au but. C’est un passe-partout en cas de problème épineux. Mais tout dépend de la manière dont on l’utilise. Choisir un facteur d’ajustement, c’est avant tout avouer ce qui est le moins important pour nous. Il révèle clairement les motivations premières.
Votre facteur d’ajustement à vous
Ce facteur utilisé dans la sphère professionnelle, existe également dans nos vies quotidiennes. Dans nos projets de coeur, nos passions. Lorsque vous êtes confrontés à un problème dans vos projets personnels, quel est votre facteur d’ajustement? Quel est ce paramètre que vous laissez tomber en 1er, sans peut être même y réfléchir? la qualité? l’objectif premier du projet? le temps? les autres?
Identifier son facteur d’ajustement permet de mieux cerner ses motivations…et ses faiblesses. L’utilisation de ce paramètre peut être une solution, en dernier rempart. Mais il signifie également que l’on change le problème de base. On le simplifie pour mieux le résoudre. Et une fois le projet terminé, est-il réellement le même ?