Créer

Comment créer ? voici ma méthode.

[Cet article a été lu par 6 304 internautes depuis sa mise en ligne. Merci d'être là.]

Ces dernières semaines, j’ai mis en place un canevas de création. Sans le faire volontairement, disons que je me suis donné un périmètre de création, une méthode et des contraintes, pour me pousser à avancer. Et cela fonctionne.
Je l’ai utilisé, et je l’utilise encore. Je m’en suis servi pour créer de la musique, mais cela pourrait bien évidemment être utilisé pour plein d’autres besoins de création : écrire, chanter, peindre, faire du scrapbooking, de la photo, etc. Je me suis dit que cela pourrait vous intéresser…

Créer, pourquoi faire ?

Comme le disait très justement l’auteur Brené Brown « notre seule et unique contribution sur cette planète naitra de notre créativité« . Cela pose le décor 🙂

Cela peut sembler naturel pour certains, complexe pour d’autres, mais il s’agit d’un aspect que nous avons tous vécu pleinement quand nous étions enfants. Progressivement, on a pu perdre sa trace en grandissant, mais je vous rassure, notre capacité à créer est toujours là, en nous. A nous de la faire resurgir. C’est le but de l’exercice que je vous propose.

Tant que nous créons,
nous créons du sens.

Brené Brwon, ECRIVAINE

Créer, pour faire quoi ?

On peut créer dans de innombrables domaines : écrire, dessiner, peindre, chanter, filmer, faire de la musique, du collage, etc, etc.

« Mais créer quoi exactement ? » vous allez me dire. Hé bien, c’est là le 1er conseil du canevas que je vous propose : on ne sait pas, et on s’en fiche en fait.
Évidemment, au final, il sera important de savoir caractériser ce que vous aurez écrit: un article ou un livre, une nouvelle ou un essai par exemple. Mais pas au début.

C’est Olafur Arnalds, compositeur islandais adoré, qui m’a rappelé ce détail essentiel, essentiel à son processus de création.
Et cela permet de ne pas se prendre la tête, et de se détendre, vraiment. On fait sauter un blocage potentiel. Tant que l’on ne l’a pas crée, on ne sait pas encore ce que l’on va créer. Donc ne commencez pas par rechercher la forme finale idéale : elle viendra progressivement.

« Personne ne sait vraiment ce qu’il fait, avant » (Olafur Arnalds)

Dit autrement :

In the beginning, we have no idea what it would become.

Olafur Arnalds, compositeur

(Au démarrage, nous n’avons aucune idée de ce à quoi cela ressemblera, une fois terminé)

Très bien, on peut donc maintenant se lancer sans trop savoir où l’on va. Il nous suffit d’avancer.
Encore une fois, à vous de voir quelle matière première vous souhaitez travailler, quel processus de création vous intéresse. Écrire, dessiner ou chanter demandent peu de ressources extérieures par exemple, idéal pour débuter.

Créer, combien ?

On peut évidemment vouloir créer LE livre, LA chanson (ou si on ne se soucie pas de la forme, à minima d’écrire LE texte, LA mélodie).
Mais si on se dit ça, on risque de tourner longtemps autour du pot, et vouloir le fignoler pendant des années, non?

Le fait de vouloir, dès le démarrage, créer L’oeuvre parfaite a de grandes chances de bloquer l’ensemble du processus.

Et c’est à ce moment là que l’idée transmise par Mohamed Achahbar (auteur de la newsletter « La claque ») quelques semaines + tôt a trouvé une résonance en moi : « De la quantité naît la qualité« . Rien que ça.

En y réfléchissant, c’est évident : en créant 10 choses, on a beaucoup + de chances d’arriver à créer 1 chose intéressante, qu’en se focalisant sur 1 seule et unique création.

C’est ce que Mohamed résume avec l’idée suivante :


La quantité est le chemin vers la qualité (tandis que la qualité n’est jamais le chemin pour la quantité).

Mohamed Achahbar

La quantité est le chemin. Il faudra en faire beaucoup pour progressivement faire bien. Rien ne nous oblige à faire bien dès le démarrage. Oui, notre 1ère création peut être naze, et ce n’est pas grave. C’est même le chemin normal pour ensuite faire autre chose, et s’améliorer.
Là encore, cela décontracte sacrément, non?

Créer, comment faire ?

Une fois que l’on s’est dit que l’on souhaitait créer, massivement sans chercher forcément la qualité, ni même savoir ce à quoi cela devrait ressembler au final, on peut alors commencer. Mais là encore, rajoutons quelques paramètres & contraintes afin de ne pas se perdre sur la route.

De nombreuses méthodes existent. Je vais vous partager celle que je me suis construite.

Mon expérience de création musicale

L’idée est venue en manipulant le logiciel Garageband (sur Ipad, outil magnifique et facile d’accès de création musicale) avec mes enfants. Au delà de ce que je leur montrais, l’envie m’est venue d’arriver à créer 1 morceau pour moi. Pour voir si j’en étais capable d’une part, et surtout pour forcer l’expression en moi. Je ne savais pas où j’allais (pas grave), et je savais que j’allais devoir miser sur la quantité avant tout (je ne fais pas de musique, même si j’adore ça, je pars de quasi 0).

Je me suis donc lancé un soir, alors que j’étais totalement seul, sans me donner trop de contrainte au démarrage, si ce n’est « le 1er résultat ne sera pas bon, alors fais toi plaisir ».

J’ai crée un instrumental sur Garageband, sur base de boucles (samples) qui me plaisaient. Dès que j’ai eu un 1er résultat satisfaisant, je l’ai écouté en boucle, et j’ai écrit un texte. Ce qui est sorti de ma tête m’a surpris, autant sur le thème que sur l’axe, mais c’était spontané, et cela m’a plu. Je n’ai pas eu de blocage, car je n’avais aucune attente. Que de l’envie.
Puis le texte écrit, je me suis dit « autant aller au bout et l’enregistrer« . J’ai donc utilisé le coté « tout en 1 » de l’ipad pour enregistrer ma voix. Là aussi, c’était spontané. Texte déclamé, et j’aurai bien été incapable de qualifier ce que j’étais en train de faire. Slam? Rap? Poésie? Morceau? Texte? Pas grave, il était trop tôt pour ce genre de considérations.
Je m’y suis repris à quelques fois. A modifier le texte, le son, l’enregistrement.
Mais à Minuit, le résultat était dans la boite et j’étais fichtrement fier : j’avais réalisé une création de A à Z. Un petit pas pour l’homme, mais très plaisant pour moi.

J’ai adoré ce format de création, et j’en ai fait un élément de mon canevas : 1 projet = 1 soirée

Évidemment, cela peut évoluer, on peut revenir sur un projet au delà de cette 1ère soirée ensuite, mais l’élément principal réside dans le fait de se concentrer sur 1 sujet unique pendant quelques heures, pour en sortir la majeure partie de la création souhaitée. Pas de problème pour peaufiner ensuite la création pendant des jours s’il le faut, mais l’essentiel sera déjà là. A mon niveau de création, je me dis que ce qui ne sort pas en 1 soirée, ne sortira pas.

Comment améliorer sa création ?

Au delà de ce 1er projet crée, et en lien avec les mots de Mohamed sur la nécessaire quantité à bâtir, je me suis décidé à réaliser en tout 10 morceaux musicaux, avant de pouvoir dire « j’ai fini ». Pourquoi 10 ? Simplement car il fallait un chiffre rond, et un minimum suffisant de quantité.

Assez naturellement, j’ai compris qu’en réalisant 10 morceaux au total, j’allais en avoir certes des moyens, peut être même des mauvais aussi…mais que j’en aurai surtout d’autres qui seraient intéressants, et 1 (le 1er de mon classement virtuel de choses que je n’ai pas encore faites) qui serait mon préféré (mathématiquement, c’est imparable).
Et celui là, j’étais déjà curieux de l’écouter.

Et effectivement, en créant un 2nd morceau, puis un 3eme, selon la même méthode, ce qui devait arriver arriva : je me suis amélioré. Le 2nd morceau ne pouvait pas être comme le 1er, j’ai donc cherché d’autres sons. Puis j’ai amélioré mon mixage. Puis j’ai acheté un micro pour avoir un meilleur son. etc, etc. En suivant le protocole de la quantité, et en cherchant à s’améliorer à chaque projet, et à tester en continu, un certain chemin de la qualité s’est dessiné devant moi. En tout cas (la qualité étant très subjective), ma démarche s’est grandement améliorée, et cela continue encore aujourd’hui.
De manière générale, je constate que chaque nouveau morceau crée est meilleur que le précédant. J’ai du mal à ré-écouter les 1ers morceaux aujourd’hui, alors que je trouve les derniers réalisés pas mal. C’est donc bien le chemin de la qualité.

Encore mieux que ca : les idées et tests que je réalise aujourd’hui, JAMAIS je ne les aurai eu au démarrage du projet. C’est naturel quand on y pense, le projet me fait avancer à petit pas, et quand certaines fois je regarde en arrière, je me rends compte que j’ai déjà fait un bon bout de chemin.

Quand je parle d’améliorations, de quoi je parle précisément? Voici quelques exemples d’améliorations et de nouveaux tests réalisés pour mon projet de création musicale, par rapport au 1er morceau écrit :

  • Après avoir commencé à ressentir des limitations sur le logiciel Garageband sur IOS, je suis passé sur la version Mac, beaucoup + profonde. Elle m’a permis d’aller plus loin dans mes réalisations.
  • Après avoir joué avec les samples sur Garageband, je suis allé sur le net trouver d’autres sources d’échantillons, et j’ai trouvé des choses inédites (pour les utilisateurs de garageband)
  • J’ai acheté un micro pour améliorer la prise de son, j’ai appris à m’en servir
  • J’ai visionné pas mal de tutos sur Youtube pour améliorer ma connaissance sur pleins d’aspects (mixage, prise de voix, mélodie, etc)
  • J’ai testé le fait de faire une reprise de morceau que j’aimais bien
  • Vu que je n’avais pas le niveau pour refaire de A à Z l’instrumental, j’ai trouvé un guitariste pour m’aider (merci Peter !)
  • Pour élargir mon style, j’ai commencé à me renseigner pour acheter des productions déjà faites à des beatmakers
  • etc, etc. Et je ne suis pas au bout !

Ce que je souhaite vous montrer dans cet exemple, c’est simplement ce que dit Olafur plus haut : tant qu’on est pas sur le chemin, on ne sait pas de quoi sera composé ce chemin. Il faut donc avant tout agir, et débuter. Un pas après l’autre, on progresse.

Comment créer : voici la méthode que je vous propose

En synthèse, voici les principaux éléments du canevas que j’ai utilisé pour créer. Je vous propose de l’utiliser pour vous aider à structurer votre démarche de création. Un protocole strict, pour vous pousser à avancer. Comme un jeu en 8 points :

  • 1/ Sélectionnez le support de votre projet de création : musique, peinture, écriture, etc
  • 2/ Donnez vous un cadre de création et imposez-vous le avec rigueur : 1 soir par semaine, ou 3h le week end. Consacrez y 3h d’affilée par session, pas moins. Vous devez avoir le temps de créer, de flâner, de revenir en arrière, et d’avancer de nouveau s’il le faut.
  • 3/ Vous ne savez pas exactement ce que vous allez faire? Pas grave, personne ne le sait avant de démarrer. Même au milieu de chemin, ne qualifiez pas ce que vous êtes en train de faire. Faites vous plaisir, on verra après pour le reste.
  • 4/ Ne vous mettez aucune pression sur la qualité. Faites de la quantité avant tout. Donnez vous un objectif de quantité (10 morceaux, 50 pages, 3 tableaux, etc) : cela sera votre but à atteindre.
  • 5/ 1 soirée = 1 projet. Concentrez votre action pour sortir la majeure partie de la création sur laquelle vous travaillez en 1 seule session (1 morceau, 1 instru, 10 pages écrites, 1 poésie, etc). Pas de problème pour revenir dessus ensuite pour peaufiner.
  • 6/ Améliorez votre démarche en continu. Voyez votre objectif de quantité comme autant de possibilités de créer et de tester de nouvelles choses. Faites un panachage de réalisations hétérogènes si vous le souhaitez
  • 7/ Faites-vous plaisir, c’est le seul objectif.
  • 8/ Démarrez !

J’espère que cette méthode pourra vous être utile. N’hésitez pas à me partager vos retours & réalisations !

commentaires sur “Comment créer ? voici ma méthode.”

  1. Bonjour Max,

    Merci pour ton article. C’est tellement important de faire parler notre créativité ! Je crois même que c’est un besoin vital pour la santé psychologique de chacun, quel que soit le profil. Pas besoin d’être artiste. On peut créer en faisant des maths (enfin, certains peuvent) !

    Du coup merci pour ta méthode. J’aime bien l’idée de bloquer un créneau (1 soirée = 1 projet) pour s’y mettre à fond et profiter des bienfaits du « flow ».
    C’est bien aussi de pouvoir intégrer un peu de créativité dans nos actions du quotidien. Faire quelque chose tous les jours, même 5 minutes est aussi un bon moyen de développer une bonne habitude.

    Une personne qui parle très bien de la créativité, de notre besoin, de la peur parfois associée et du fait de la vivre sans se mettre la pression, juste pour le plaisir, c’est Elizabeth Gilbert dans « Big Magic ».

    En tout cas, c’est un plaisir d’avoir découvert ton blog ! Merci

    1. Bonjour Isbelle, merci pour ton commentaire. C’est exactement cela pour le ‘flow’, se laisser porter par l’instant, et se plonger dedans…quel que soit le livrable final, cela n’a pas d’importance. Juste se faire plaisir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *