Bonjour à tous!
Je vous propose un billet un peu particulier cette semaine. J’ai envie de partager avec vous un témoignage prenant, qui continue de m’interpeller. Il est issu d’un morceau du groupe Fauve. Mais peu importe. Au milieu de leur album, de leurs morceaux arrive ce témoignage, brut, sur la perte de contrôle. Un sentiment que l’on est tous amenés à ressentir à certains moments de notre vie.
Et étrangement, ce témoignage fait du bien. Poser le problème, l’identifier, entendre quelqu’un le définir avec justesse. Puis se dire qu’on est pas seul face à tout ça. Que cela arrive. Et finir sur une piste de solution.
Je me suis surpris à revenir vers ce texte spontanément, à plusieurs reprises, quand mon humeur côtoyait celle du récit. Et chaque fois, cela m’a rassuré. « cela arrive à d’autres, donc ce n’est pas grave« . Je me suis également retrouvé à le conseiller à un ami dernièrement, en période « perte de repères ». Cela ne résout pas tout. Mais si ce texte permet de partager sa condition, c’est déjà énorme.
« Je me suis mis à déconner complètement.
Il y a quelque chose qui a sauté là dedans, je sais pas.
Je pense que c’est parce qu’inconsciemment, j’ai eu l’impression de perdre le contrôle. De perdre le contrôle sur toutes les choses dans lesquelles j’étais impliqué, sur tous les éléments de ma vie.
Ca m’a plongé dans un état de colère absolument indescriptible. C’était insoutenable.
C’est comme être enfermé dans une boite sans lumière, dans laquelle le temps s’arrête.
C’est comme être dans les limbes en fait: tu peux plus aller en avant, plus aller en arrière. Tu peux plus aller dans aucune direction, t’es complètement bloqué.
À l’arrêt en panne.
T’as les pieds dans le ciment.
Je me suis senti comme un requin-tigre. Vous savez que les requins quand ils avancent plus, ils crèvent.
Et le requin-tigre c’est le plus agressif : quand il est immobilisé il défonce tout ce qui passe. Et c’est la même chose avec les loups quand tu les coinces.
Moi, je me servais de la musique, des mots et de l’écriture pour avancer, pour progresser à travers l’existence.
Alors quand j’ai perdu ça ben…j’ai perdu ma capacité à progresser.
C’est comme ça que je me suis mis à gueuler.
Tu peux plus interagir avec le monde, tu te renfermes petit à petit. Tu deviens totalement hermétique aux autres et au quotidien.
Parce que le matin quand tu te réveilles, et le soir quand tu te couches, quand tu marches, quand tu bosses, quand tu parles, quand tu conduis, tu te répètes en permanence…en permanence : « Je suis nulle part, je vais nulle part. Je suis pétrifié, et je serai jamais rien d’autre que ça. »
Il faut choisir de pas y penser.
Choisir que ça existe pas.
Choisir de ne pas avoir de problème avec ça.
Il faut sortir, faut voir ses amis.
Et attendre que ça revienne. »
En version audio.