Il y a 1 an environ, suite à une soirée projet réussie, je me suis mis en tête de « créer 10 morceaux » de musique. Sans connaissance spécifique sur le sujet, pas de solfège, pas de pratique d’instrument. Je suis juste un passionné de musique.
Quasiment 1 an plus tard, j’ai sorti mon album sur spotify (et deezer, apple music, etc), mes morceaux ont été écoutés + de 1000 fois, j’apparais sur des playlists, et à travers mes paroles, j’ai raconté à tous des choses que je n’avais exprimé à personne.
Je vous raconte ce projet ?
Ma 1ère maquette
Courant 2020, je me retrouve à montrer le logiciel Garageband à mes enfants. C’est un super logiciel de création musicale, facile à prendre en main, surtout sur Ipad. Ils jouent un peu avec et surtout…c’est moi qui me fais prendre prendre au jeu. Je joue quelques minutes avec quelques boucles, et là, l’idée de construire un 1er morceau pour moi apparait. Le logiciel ‘gérant’ la partie musicale, je n’ai qu’à ajouter une voix par dessus. Ca tombe bien, j’en ai une 🙂 et l’ipad a un micro. Ca suffira pour un test. Je décide donc de faire une soirée projet (tester un projet en quelques heures, et arriver à une 1ère version finalisée) sur ce thème, sans rien préparer en amont, juste une bonne dose d’envie.
La soirée projet se passe bien : je crée une instru qui me plait, à base de boucles pré-existantes, sans trop la peaufiner. J’écris un 1er texte, sur le sujet qui me vient le + spontanément (les tatouages). Pas de couplet, pas de refrain, quasiment pas de rimes, juste un texte qui sort, et la volonté d’exprimer une idée. J’évite toute source de blocage pour arriver au bout, et finaliser un 1er résultat. J’enregistre le tout avec le micro de l’ipad et garageband, et le résultat est honnête. Ok, je déteste ma voix, mais comme tout le monde je pense 🙂
Bilan de cette soirée projet : diantre, c’est possible! J’ai « mis en boite » un 1er morceau. Plein de défauts évidemment, mais avec quelques qualités aussi. Et surtout : j’ai kiffé. Grave. Je me mets au défi d’aller + loin : pourquoi ne pas enregistrer 10 morceaux, histoire de voir ce que j’ai dans le ventre?
Le processus de création : l’exploration continue
Vu le 1er test réussi, je me remets dans la même situation (1 projet = 1 soirée) pour créer 2 autres morceaux. Et cela fonctionne plutôt bien. J’évite toujours les barrières, je fais à l’instinct, sans aucune contrainte (c’est quoi comme style? c’est cohérent? y a des redites? tu vas pouvoir en faire combien des textes comme ca? c’est intéressant? en vrai, ça peut intéresser qui? tu vas en faire quoi? ==> les questions sont nombreuses 😅.). Si on écoute la voix intérieure (enfin, sa face négative), on trouve toujours une bonne raison de ne pas faire, d’abandonner. Alors autant la mettre en « mute » pour le moment, c’est un projet « kiff » avant tout, on aura toujours le temps d’y répondre + tard.
Et puis au bout de ces 3 premiers morceaux enregistrés, je sens que j’ai besoin d’aller voir au delà de mon petit format de création qui devient standard : « sons garageband + voix ». Sous peine de tourner en rond, de me lasser. Alors j’explore. Et c’est là qu’il se passe la partie la + intéressante : c’est en cherchant dans une 1ère direction (« reprendre un morceau ? ») que je vais trouver de nouvelles idées, qui vont ensuite m’amener vers d’autres recherches (« collaborer avec un musicien? »), qui vont elles-même m’amener de vers de nouvelles pistes, etc, etc. J’ai mis quelques temps à m’en rendre compte, mais j’ai -progressivement, sur quelques mois- réellement avancé coté création grâce à ce mécanisme d’exploration continue.
J’ai essayé de vous schématiser cela :
Chaque nouvelle idée m’a ouvert le champ des possibles. Évidemment, toutes les idées ne sont pas pertinentes au final, mais il est néanmoins pertinent de les avoir, ou de les tester, pour faire avancer son pion d’une case.
Je voulais également montrer avec ce schéma que le processus de création est -dans mon cas- loin d’être régulier ou linéaire. Il s’agit d’une sorte de bazar, d’aller-retour constants, où on peut facilement se retrouver dépité à un moment de ne pas avancer franchement. Mais si on prend un peu de recul, que l’on regarde le chemin parcouru (ne serait ce qu’en réécoutant ses 1ers enregistrements), on se rend bien compte que l’on avance. Vraiment. Ca progresse. Alors continuons à se faire plaisir.
Transformer ses morceaux en album…
Puis arrive ce moment où on a 5, 6 morceaux ‘terminés’. Disons qu’on en a une version avec laquelle nous sommes à l’aise. Et là, on se dit que c’est la fin du processus. Et là, on se trompe 😂.
Plusieurs choses doivent murir à ce stade là. Beaucoup de choses en réalité, et je pense m’être bien pris les pieds dans le tapis sur chacune d’elle 🥳
Tout dépend évidemment de votre objectif : sortir un single, démarcher des labels, sortir un album en objet physique, en format digital, en NFT, etc. Mon objectif, à ce stade, était de sortir un album sur spotify. Pourquoi cela? Juste car spotify représente aujourd’hui le « produit fini » en musique, cela me semblait être le bon livrable. Et je savais intérieurement, qu’en me fixant cela comme objectif, cela signifiait que je devais avoir des morceaux assez bons pour être montrés au monde (gros sujet), un ‘concept’ d’album cohérent, une couv, un nom d’artiste, une tracklist cohérente, etc. Et j’avais pas grand chose à ce stade…
Une fois que l’on a enregistré ses 1ères démo, que reste t il à faire?
- Mix & mastering : il s’agit de transformer la démo brute en morceau « qui sonne », en travaillant indépendamment chaque piste, puis en harmonisant les sons entre eux. Derrière ces petits termes se cachent un travail de fou, que je vous conseille vraiment d’externaliser. Derrière le mix, il y a notamment tout le sujet lié à la prise de voix puis au traitement de la voix. Vous pourrez trouver pleins d’infos sur le sujet sur le net, mais cela peut vous amener très loin (ex : pour faire une bonne prise de voix, il faut un bon micro, mais aussi bien calfeutrer la pièce dans laquelle on enregistre pour avoir une bonne acoustique, etc. Vous vous avez prévu de refaire votre chez vous, tant mieux. Sinon : externalisez!). Si vous partez de 0, je vous recommande de louer une cabine d’enregistrement dans un studio à coté de chez vous. Il y en a dans chaque grande ville. Cela vous permettra de travailler direct avec un pro, et de gagner beaucoup de temps. Si vous avez déjà une bonne prise de voix, recherchez un pro qui pourra vous aider sur la partie mix & mastering, sur des plateformes comme fiverr.com par exemple. Tout s’y trouve.
- Tracklist : une fois vos morceaux enregistrés, travaillez votre tracklist, c’est à dire ceux que vous souhaitez garder, et dans quel ordre. Quelle expérience l’auditeur doit il ressentir en écoutant vos morceaux? Est ce que cela fonctionne pour vous?
- Nom d’artiste / Nom d’album : Le tracklist doit vous donner l’intention de l’album, et vous permettre de travailler son titre. Restons simple : personne n’attend votre album, alors pas de blocage, faites vous juste plaisir. Réalisez l’album que vous aimeriez trouver en tant qu’auditeur. Distinguez-vous.
- Couverture de l’album : ici aussi, je vous recommande de passer par un pro. Que ce soit via Fiverr ou 99designs. Oui, vous pouvez la réaliser vous même, mais vu le nombre de taches à accomplir, autant vous focaliser sur ce que vous seul pouvez faire : le reste 🙂 Il y a également des services en ligne qui permettent d’aider à la réalisation de pochette. Gardez en tête que sur spotify (ou autre), la pochette sera le seul élément tangible que l’auditeur verra de votre projet. C’est ce qui lui fera cliquer ou non sur « écouter ».
- Distribution : Il s’agit de la partie permettant de distribuer votre album vers toutes les plateformes de streaming. Il est aujourd’hui possible de « s’auto-distribuer », facilement. C’est la bonne nouvelle. Plus besoin de passer par une maison de disque. Plusieurs services existent pour cela, vous pouvez regarder beatstars.com ou distrokid.com . Via un service payant (1 fois, vraiment pas cher), ils vont prendre en charge votre album et le diffuser aux plateformes. Beatstars envoie par exemple par défaut vers 52 plateformes, dont Apple music, Deezer, Tidal, Spotify, etc.
- Gestion des droits d’auteur : si vous souhaitez gagner de l’argent avec votre musique, il vous faudra en plus souscrire auprès de la SACEM (Gérant les droits d’auteurs pour tout artiste francais, à faire via leur site), ainsi que vous inscrire sur une plateforme de « publishing » (gestion des droits : beatstars et distrokid le permettent notamment). C’est cela et uniquement cela qui vous permettra de toucher des royalties sur les écoutes. Attention, on se parle de vraiment pas grand chose : si votre but est de gagner de l’argent avec votre musique, passez par un label.
- Promotion : Une fois que les morceaux seront sur les plateformes de streaming, un gros boulot de promotion peut être entrepris, afin de les faire connaitre. Plusieurs dizaines de milliers de nouveaux morceaux sortent tous les jours sur spotify, donc personne ne se fait connaitre « naturellement ». Utilisez les outils pro de chaque plateforme (spotify for artists, deezer for creators, etc), les réseaux sociaux évidemment, et testez quelques plateformes de promotion comme groover.co (mise en relation d’artistes avec des labels, playlists, etc) ou submithub.com.
La dernière action « promotion » n’est évidemment que la ligne de départ pour votre album. Pas mal de temps sera à y consacrer. Mais c’est en connaissant l’ensemble des actions que vous pourrez mieux répartir votre énergie.
Et donc ton album, ça donne quoi ?
Au final de mon coté, j’ai sorti un « EP » (mini album), qui s’appelle « Arrêter de disparaitre », sous le pseudo Mansan. C’est sorti en octobre 2021.
Si vous avez envie d’y jeter un oeil, vous pouvez trouver toutes les infos ici : https://www.mansan.net/
Il m’a paru intéressant de raconter tout cela aujourd’hui, car avant tout, c’est un projet de passionné, raison d’être de ce site. Un projet assez incroyable, où je n’avais aucune idée au démarrage de ce vers quoi cela allait m’amener. Je le sais aujourd’hui, mais je n’aurai jamais cru tout cela possible avant. J’avais juste l’envie, et c’est ce que je trouve toujours aussi incroyable à chaque fois. A chaque projet. A chaque journée.
Coucou. J’écoute ton album, et je trouve ça agréable à écouter. Et surtout, honnête et vrai.
Bonne continuation à toi.
merci beaucoup Pierre !