« Toute expérience nous a démontré que les êtres humains sont plus disposés à souffrir, dans la mesure où les maux sont supportables, que de redresser la situation en abolissant les formes auxquelles ils sont habitués. »
(Déclaration d’indépendance des Etats-unis, 1776)
Démarrer un projet
Débuter un projet n’a jamais été la difficulté. Il y a toute cette adrénaline au début, on découvre de nouvelles choses, on tente.
Que ce soit dans le domaine privé comme dans le travail, on se lance car nous n’avons rien à perdre et tout reste à découvrir.
- S’inscrire à un cours de danse
- S’entrainer pour un marathon
- Changer son alimentation
- Apprendre une nouvelle langue
- Organiser un voyage
- Démarrer un nouveau projet au travail
- Se reconvertir
- Rechercher un nouveau travail
- Par exemple
Puis les difficultés arrivent, la progression se fait plus lente. Nous sommes alors dans le creux de la vague. Le « Dip » comme le définit S.Godin.
- La troupe de théâtre qui joue devant 2 personnes
- La 10eme lettre de refus quand on postule à un job
- Le site web qui ne décolle pas
- L’apprentissage d’une langue, où l’on continue de butter sur des mots de base.
Au pied du mur
Au pied du mur, toutes nos perspectives changent. On se demande alors si on doit tout stopper, si cela vaut vraiment le coup.
Le vieux adage « ne jamais abandonner » (aussi connu récemment sous le terme « ne rien lâcher ») refait surface. On a toujours entendu ça : un homme (une femme), ça n’abandonne pas.
Et pourtant, dans certains cas, il faut mieux abandonner. Dans la plupart des cas même, abandonner est la meilleure solution.
On ne pourra pas tout terminer, aller au bout de tous nos projets. Et ce n’est pas le but je pense. Il faut choisir ses combats et se concentrer sur ce qui compte pour nous. Différencier l’entêtement stérile du combat que l’on doit gagner.
Le renoncement
Depuis quelques années, depuis qu’un boss a eu le cran d’arrêter un projet qui avait déjà couté plusieurs millions d’euros à la boite pour laquelle je bossais, je me dis que le renoncement est une prise de position. Ce n’est pas un échec, par dépit, mais bel et bien une force. C’est donner la possibilité de se (re)concentrer sur ce qui nous fait avancer, ce qui nous plait, ce qui importe. C’est officialiser le fait que l’on arrête de perdre du temps.
Je continue à croire en cette prise de position aujourd’hui. Ce ne sont pas les choix les plus faciles, mais ils sont utiles. Niveau pro, comme sur notre engagement personnel, le renoncement est un choix dans certaines situations.
Puis il y a les quelques projets pour lesquels vous préserverez. Là se crée alors toute la valeur ajoutée. Vous traverserez le mur, la vague, ce que vous voulez, et vous continuerez votre progression, en laissant tous les autres sur le bas coté. Car il ne faut pas se mentir : renoncer, c’est laisser la possibilité à d’autres d’être meilleurs. Et en continuant certains de vos projets par contre, ça sera à votre tour de faire partir des rares à oser. Et de la rareté découle la valeur.
Vous aurez de la valeur naturellement, car peu de gens auront osé.
La mannequin en couverture de Elle
Ne tombez pas dans la panneau de tout vouloir en même temps : c’est le meilleur moyen de s’empêcher d’arriver au bout. Le mannequin parfait en couverture de Elle (ou de GQ) n’est pas trilingue. Le trilingue a peu de chances d’être un danseur hors-pair de Bossa Nova. Comme le danseur hors-pair de Bossa Nova n’est peut être pas marathonien.
Comment savoir si l’on doit continuer ou renoncer? La réponse est en vous : persévérez dans les projets pour lesquels vous êtes prêts à passer le mur de manière exceptionnelle.
Si vous vous impatientez, c’est qu’il s’agit probablement d’un mauvais sujet.
Ton article me parle, car comme beaucoup, j’ai voulu me lancer dans certaines choses sans persévérer …
Et souvent, comme tu le dis, c’est que ce projet, devenu une sorte de combat contre moi-même (me dépasser, aller au-delà de mes limites) ne me correspondait finalement pas … Ou en tout cas pas à ce moment-là.
Par exemple, cela fait plusieurs années que mon mari se passionne pour la photographie, et j’ai voulu découvrir une partie de cet univers avec lui … Puis la technique m’a vite rebutée. Je me suis forcée à continuer tout un temps, mais j’ai perdu patience face à la lenteur de mon apprentissage et je n’ai pas tenu.
Maintenant, quelques années plus tard, cet obstacle du côté technique ne me semble plus insurmontable : j’ai la curiosité d’aller explorer ce que je ne connais pas, et le sentiment que petit à petit, à mon rythme, j’apprendrai et je m’améliorerai.
Parfois un projet difficile n’est pas « le bon », et parfois il n’est tout simplement pas attaqué au bon moment.
Salut Amandine,
Tu as raison, l’abandon n’est pas obligatoirement définitif. Il y a un moment pour chaque chose. D’anciens défis inachevés peuvent revenir, lorsque l’on se sent prêt. Cela conforte d’autant plus nos 1ers essais : le sujet était le bon, seul le timing était à revoir..
J’adhère complètement à cet article que je trouve réaliste.
Pour compléter ce propos, je dirai que, pour éviter d’avoir à renoncer, il y a un moyen qui est ce qu’on appelle la stratégie d’objectif.
En fait, il s’agit de se poser toutes les bonnes questions à propos de l’objectif visé.
Elles nous permettront d’éliminer le maximum d’obstacles plus ou moins évidents.
Du coup, nous serons mieux préparés aux moments difficiles et il nous restera de l’énergie pour les imprévus.
C’est un peu comme prendre de l’air avant de nager longtemps sous l’eau, l’épreuve reste difficile mais la distance parcourue est plus longue.
Bonjour Guy,
Creuser nos sujets avant de s’y engouffrer permet effectivement de voir + loin que l’enthousiasme du départ. J’avoue le faire pour pas mal de sujets. En fait, c’est une habitude dès que le sujet est important pour moi, qu’il va ‘driver’ ma vie quelques temps. Puis il y a les sujets « de coeur », plus instinctifs, et là cela s’avère + difficile. Quand le coeur veut, la raison passe en 2nd..