Voir la vie autrement

Le poids des stéréotypes

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« Enfant sage »

J’ai longtemps œuvré dans le sillon des stéréotypes. Très tôt dans l’enfance je pense, à vouloir être un enfant sage, puis brillant. On nous apprend cela en premier lieu. Puis l’adolescence est arrivée, et j’ai continué à avancer dans l’axe des catégories, mais à l’envers comme le veut la période. Je voulais tout faire pour ne pas être comme les autres. Ne pas m’habiller comme eux, ne pas penser comme eux, ne pas écouter la même musique qu’eux. Pour -finalement- avoir autant d’indépendance et de créativité qu’un danseur de Tecktonik.
J’y repense aujourd’hui avec un brin de recul, et je ne peux m’empêcher d’en sourire. Je n’avais évidemment pas encore compris. Je ne voyais pas qu’à vouloir éviter si fortement toute ressemblance, je finissais par ressembler au stéréotype opposé. Évident une fois passé par là, mais quel enfant le comprend vraiment pendant l’adolescence?
 

« Jeune cadre dynamique »

Puis le temps passe, je grandis, je passe à l’age adulte. Et j’enchaine à nouveaux les figures et les apriori. Étudiant en commerce ou geek ou cadre ou autre. Quelques mots peuvent servir à catégoriser la partie émergée de ma vie. Je commence à voir les stéréotypes -surtout chez les autres-, mais j’ai toujours l’impression de m’en défaire grâce à quelques différences, quelques astuces. Je serais différent car je n’accepte pas le stéréotype. Je serai différent et c’est l’élément le plus important à mes yeux à ce moment là.
 

« Éternel optimiste »

Le temps passe encore. Un peu. Aujourd’hui.
J’ai accroché quelques autres titres à mon tableau de chasse depuis. Père, mari, manageur, accro, chiant, rêveur. Il y en a beaucoup. Je me suis amusé à tous les lister l’autre jour, depuis l’enfance. Et c’est en dressant cette liste que j’ai vu le poids des stéréotypes disparaitre. Je les ai chacun vus me représenter à un moment donné, puis disparaitre de ma vie.
Je me dis au final que tout nous pousse à entrer dans une case ou une autre, à chaque moment de notre vie. Pas besoin de l’éviter, nous en faisons partie. Nous sommes obligatoirement un stéréotype ou l’autre. Nous sommes obligatoirement un stéréotype pour l’Autre. Alors le poids de ces catégories n’a plus vraiment d’importance. Je me dis que le seul élément pertinent est d’accepter d’incarner les stéréotypes qui nous plaisent, de les vivre avec plaisir, puis de laisser passer les autres.
 

« Imparfait »

Ado peu sûr de lui, trentenaire travailleur, geek, éternel optimiste, amoureux, enfant sans problème, parisien sûr de lui, jeune cadre, voyageur, papa gâteau, hypersensible, passionné, cadre dynamique, enfant de divorcé, accro au net, provincial, secret, entrepreneur, accro au travail, exigeant, dépendant, très stéréotypé.
 

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